Nous poursuivrons ce périple marquisien par Nuku Hiva. Cette île est la plus peuplée de l'archipel avec ses quasi 2800 habitants. Taiohae, le village principal, concentre presque 2000 habitants.
Pour gagner Taiohae depuis l'aéroport, il faut traverser le coeur de l'île pendant 1h45. 15 minutes de route non goudronnée, infaisable sans 4x4, puis on atteint une route bétonnée qui n'a que quelques années. Une traversée exceptionnelle qui commence par un arrêt au grand canyon, puis les crêtes vertigineues, et la bien-nommée Terre Déserte. Quand enfin, un virage laisse découvrir la baie de Taiohae, je réalise combien les habitants des Marquises sont loin du monde, isolés et protégés.
J'arrive à la subdivision des îles Marquises, l'équivalent d'une sous-préfecture. Ici une équipe de 6 collègues est en poste. Petite mise au point avant la réunion (est-ce nécessaire de rappeler que je travaille ?).
Le lendemain matin petite promenade dans le village. Une seule rue principale, la mairie, le centre artisanal, et ... la prison (à 17h les prisonniers sont dans la cour principale, sans barrière, sans rien que leur conscience pour les retenir... et ça marche ! La magie des Marquises !)
Il est temps de quitter Nuku Hiva pour voler vers Hiva Oa. Atterrissage au creux de la vallée.
C'est sur cette île des Marquises, que deux artistes sont tombés d'amour pour les paysages et les habitants, pour la culture et le parfum d'ailleurs. C'est ici qu'ils ont choisi leur dernière demeure.
Paul Gauguin. C'est ici qu'il s'est éteint en 1903 et où il a peint une grande partie de son oeuvre polynésienne. Bien que son oeuvre soit incontestée, son apétance pour les trop jeunes filles laisse un goût amer quant à la véritable personnalité du peintre.
Pour autant à Atunoa, la "maison du jouir" a été conservée, empreinte du passé... A l'entrée, une devise "soyez mystérieuses, soyez amoureuses vous serez heureuses..." Mais, entre nous, pour qui se prend-il celui là !!!
Au centre culturel qui jouxte la maison, de nombreuses oeuvres de l'artiste reproduites.
Jacques Brel est aussi venu fermer les yeux à Hiva Oa où il repose. Sa dernière chanson consacrée aux Marquises est frissonnante de vérité.
Dans un hangar d'Atuona (le principal village de Hiva Oa), à quelques mètres derrière la maison de Gauguin, on peut découvrir Jojo, le coucou que Brel pilotait. Il rendait bien des services aux habitants de l'île qui se souviennent d'un homme discret et solitaire.
Son goût du voyage, de l'aventure, des "gens" a été assouvi ici... sur "cette île perdue. belle à creuver". Il ne pouvait mieux décrire cette terre sauvage et sublime. Il a terminé sa vie ici où ainsi qu'il commence sa chanson "gémir n'est pas de mise aux Marquises..."
Enfin et surtout, rendons aux Marquisiens ce qui appartient aux Marquisiens. Ces deux artistes ne sont pas l'essentiel de la beauté et des merveilles de l'archipel. Ils ont contribué à faire connaître cette culture forte de sens, de valeur, d'espoir et de spiritualité, et c'est bien cette culture qui fait la richesse et la beauté des Marquises, celle des Marquisiens. Un peuple qui, pour moi, dégage beaucoup de force, de courage, de noblesse de coeur, de douceur et d'amour.
Le coeur du Pacifique battrait-il ici ?